Quintili, P. (2010). La réception de Diderot en Italie aux XIXe et XXe siècles : les avatars d’un long oubli. DIDEROT STUDIES, 31, 143-174.

La réception de Diderot en Italie aux XIXe et XXe siècles : les avatars d’un long oubli

QUINTILI, PAOLO
2010-01-01

2010
Pubblicato
Rilevanza internazionale
Articolo
Esperti anonimi
Settore M-FIL/06 - STORIA DELLA FILOSOFIA
French
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Le monde historique est dans un perpétuel devenir. Le monde naturel, de même, transforme son aspect extérieur, mais avec un rythme plus lent. «Tout change, tout passe, il n'y a que le tout qui reste...». Par cette proposition Diderot voulut exprimer l'unité profonde de l’Histoire et de la Nature. En fait, cette ancienne vérité est au cœur de la philosophie de Diderot et la constatation que la destinée de son œuvre ait suivi, avec cohérence, la voie de son discours (logos) philosophique, au fond, ne devrait pas nous étonner. Néanmoins, il est étonnant de constater la variété des figures et des images du philosophe, produite par ses interprètes, défenseurs, détracteurs ou simples lecteurs, qui reflètent, comme dans un miroir temporel, les désirs, les intérêts et les besoins intellectuels – et tellement plus ! – de deux cent cinquante ans d’histoire. De ce point de vue, Diderot est une véritable mine de renseignements. Depuis les Actes du colloque organisé par la Société Diderot en 1991, sur Les Ennemis de Diderot (Paris, Klincksieck, 1993, la majuscule des « Ennemis » est dans le titre), l’intérêt pour les problèmes liés à la réception et à la (les) distorsion(s) conséquente(s) de la figure du maître d’œuvre de l’Encyclopédie est augmenté considérablement . La publication bien avancée, depuis 1975, des Oeuvres complètes dans l'édition Hermann (DPV) a favorisé, dans les derniers vingt ans, la confrontation fiable entre le vrai Diderot – le philosophe consigné à l'objectivité de son écriture, philologiquement établie – et le miroir flottant du monde historique qui en a gardé une variété de mémoires, la plus part des fois conditionnées par 1/ les polémiques de l'époque postérieure à la Révolution française et la Restauration, 2/ les différentes éditions des œuvres, précédentes les DPV, avec les goûts, préférences, aversions de leurs éditeurs littéraires. Le destin littéraire de l'œuvre de Diderot en Italie commence en 1759, avec la seconde condamnation de l'Encyclopédie, par le Pape Clément XIII. Dès lors le philosophe sera rangé parmi les auteurs dangereux et les attaques des traditionalistes seront portés ad personam, avec peu de connaissance de l'œuvre, jusqu'à la moitié du XIXe siècle. D'un autre côté, dès 1768, Diderot sera pris à modèle de liberté intellectuelle et de courage, dans la lutte pour le progrès des connaissances et des institutions. Le XIXe siècle marque donc une double reception et une double image, qui fait pendant à l'oubli de l'Encyclopédie, jusqu'au XXe siècle: 1/ le héros de la libre conscience, pour les Libéraux, déiste mais pas un athée; 2/ le fanatique énergumène, «bavarde incontinent», homme épuisé par une sensibilité trop excitée (E. Masi) dont cependant on commence à lire l'œuvre et les interprétations qui viennent de la France (Barbey d'Aurevilly, Caro, Scherer). Un rôle important jouent les traductions, nombreuses mais pas toujours fidèles, dès la première moitié du XIXe siècle. La temperature de la polémique baisse au XXe siècle, au gré d'une pulverisation de l'image du philosophe, devenu l'auteur des «morceaux choisis». L'image du héros de la liberté est encore vivante; mais le propos démystifiant à l'égard de la légende noire d'un Diderot Eléutheromane accompagne des nouvelles traductions, celle de La Monaca notamment, par F. Calamandrei en 1951, et 1a découverte d'un Diderot intime aussi, avec les Lettere a Sofia Volland (1946). La lecture de Croce pointe uniquement sur l'image d'un Diderot-écrivain et critique de génie, en délaissant le philosophe; Gramsci nous consigne l'image de l'homme de culture et politicien engagé qui a su susciter cette hégémonie intellectuelle de la bourgeoisie nécessaire pour le succès la Révolution. Double héritage dont on n'a presque aucune mémoire, dans les études diderotistes des dernières quarante années en Italie.
Réception, mémoire, nature, histoire, censure,hétérodoxie, matérialisme, scepticisme, athéisme, incrédulité, plaisir, ame, corps
Cet essai fait partie d'un ensemble de textes issus la Journée d'études: "Diderot dans le miroir de ses images", qui a eu leu le 23 juin 2007 à Chauvigny (Poitiers - France), organisée par la "Société Chauvinoise de Philosophie". La Section III de ce numéro XXXI des "Diderot Studies" est entièrement consacrée aux Actes de cette Journée.
http://www.philosophie-chauvigny.org/
Quintili, P. (2010). La réception de Diderot en Italie aux XIXe et XXe siècles : les avatars d’un long oubli. DIDEROT STUDIES, 31, 143-174.
Quintili, P
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